Les inégalités de santé sont définies par l’OMS comme « des différences d’état de santé ou de répartition des ressources entre différents groupes de population, résultant des conditions sociales dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent. Les inégalités de santé sont injustes et pourraient être réduites par des politiques publiques équilibrées. »
Au Cameroun, cela se traduit par une différence d’espérance de vie de près de 15 ans entre les ouvriers et les cadres, car ces derniers, qui représentent près de 78 % de la population active camerounaise, manquent d’emplois décents, de logements et d’inclusion sociale.
Parmi les principaux facteurs à l’origine de ces disparités figurent les conditions économiques et sociales, qui influencent fortement la santé des individus tout au long de leur vie. La relation entre le niveau d’éducation et les inégalités sociales de santé[3], ainsi qu’entre la pauvreté et les inégalités sociales de santé, est bien connue.
Aux inégalités économiques et sociales s’ajoutent celles liées au cadre de vie et au territoire. L’organisation et la configuration des territoires contribuent à l’émergence des inégalités par le biais des « effets de lieu ». En particulier, les caractéristiques géographiques, écologiques, sociales et économiques des territoires interagissent avec les caractéristiques individuelles de leurs habitants et affectent leur santé.
De plus, les effets de l’adversité infantile – c’est-à-dire les expériences stressantes ou traumatisantes qui affectent le développement neurologique et donc la santé – sont des facteurs importants des inégalités sociales de santé et de leur apparition dès le début de la vie. En effet, il semble que l’adversité infantile ait des effets à long terme sur la santé, et que l’environnement, au sens large, y soit impliqué biologiquement.
Les inégalités sociales de santé apparaissent dès le plus jeune âge, y compris in utero, et les facteurs sociaux qui impactent négativement la santé des enfants s’accumulent et renforcent les inégalités tout au long de la vie.
Les inégalités sociales de santé se manifestes dès le début de la vie, dès les premiers stades du développement psychomoteur et cognitif, et même avant la naissance, à travers les différences de suivi prénatal et les comportements à risque maternels. Les facteurs de risque pour la santé des femmes enceintes et de leurs enfants sont surreprésentés chez les individus les plus modestes.
Ces inégalités précoces ont des effets durables et potentiellement préjudiciables sur le développement de l’enfant, comme sur celui de l’adulte. La lutte contre les inégalités sociales de santé constitue aujourd’hui un enjeu majeur de la politique de santé au Cameroun. Malheureusement, les autorités manquent d’engagement réel, comme en témoignent l’absence d’« Ateliers santé ville » abordant explicitement les inégalités sociales de santé, et l’absence d’agences régionales de santé.
La KAGEDEV propose le PRAPS (Programme régional d’accès à la prévention et aux soins pour les plus défavorisés) ou le PRS (Programme régional de santé), les Contrats locaux de santé (CLS), etc.
Cependant, cette mise en réseau se heurte à certaines difficultés, notamment la logique des structures, qui persistent et échappent parfois à la dynamique commune.
La situation au Cameroun en matière d’inégalités de bien-être des enfants reste également très préoccupante. Le rapport Innocenti 13 de l’UNICEF, qui examine et compare le niveau d’inégalités de bien-être des enfants entre les pays de l’Union africaine et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), indique que le Cameroun se classe au 161e rang sur 184. Le rapport souligne également que les inégalités au Cameroun se sont accrues depuis 2003 et s’aggravent considérablement, ce qui pourrait entraîner des crises sociales à long terme.